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Avions Belges 1940 (Hawker Hurricane MK1) (Histoire)


 


Pour construire le successeur du Hawker Fury, le bureau d'étude de Hawker choisit naturellement la technique de fabrication qui faisait la réputation de leur firme. Ce procédé, une robuste structure en bois et tubes métalliques entoilés, permit d'obtenir un appareil plus facile à produire, plus résistant et moins coûteux que ses contemporains à revêtement métallique travaillant. Malgré cette conception désuète, son train d'atterrissage escamotable et son armement de huit mitrailleuses Browning 303 en font le chasseur britannique le plus moderne de l'époque.

Sorti quatre mois à peine avant le Spitfire, le Hurricane effectua son premier vol le 6 novembre 1935 sous le nom de K5083. Conçu par Sidney Camm, il était équipé d'un moteur Rolls-Royce Goshawk qui sera rapidement remplacé par le plus puissant PV-12. Manquant cruellement d'un appareil assez rapide pour l'interception des bombardiers, la Royal Air Force commanda 600 exemplaires en juin 1936 et les premiers modèles devinrent opérationnels en décembre 1937 au sein du Fighter Command. L'escadron 111 basé à Northolt reçu les premiers appareils. L'année suivante, les escadrons 3 et 56 reçurent à leur tour des Hurricanes.

Au contraire du Spitfire, le Hurricane n'évoluera pratiquement pas par la suite.






Le premier vol du prototype en «version belges,» eut lieu le 13 mai 1939.
Si la SABCA devait fournir les voilures et la Fabrique Nationale les quatre mitrailleuses Browning de 12,7 mm, dont seraient armés les nouveaux chasseurs, les moteurs devaient être fournis par Rolls Royce.
Comme d'autres nations, la Belgique s'était rendue à l'évidence que la neutralité n'était qu'une notion fragile, et l'aéro-, nautique militaire belge tenta d'obtenir à l'étranger le matériel moderne qui lui faisait cruellement défaut.
Toute l'Europe réarmait et la Belgique obtint in extremis vingt Hurricane Mk 1 ainsi qu'une licence de construction.
Il s'en fallut de peu qu'ils ne soient pas livrés et le premier atterrit à Évère en mai 1939 (H 19).
Cinq des vingt avions ne furent jamais livrés en raison de la déclaration de guerre.
De son côté, Fairey à Gosselies (Charleroi) devait construire 80 Hurricane, qui différaient des Mk 1 britanniques par leur armement: 4 mitrailleuses .50 (12,7 mm) au lieu des 8 de calibre .303 (7,62).
Un seul des appareils (H 42) fut livré avant le déclenchement des hostilités.
Deux autres étaient aux essais et plusieurs cellules terminées attendaient leurs moteurs d'Angleterre.
Les Hurricane furent mis en service au sein de la 2e escadrille, 1 er groupe, 2e régiment d'aéronautique (2/1/2) à Schaffen, près de Diest.
Plusieurs avions furent détruits lors de " crashes" à "atterrissage provoqués par des terrains mal drainés.
La " drôle de guerre" verra les Hurricane de la 2e escadrille plusieurs fois engagés dans des actions qui se termineront mal.




Le 2 mars 1940, un peloton de Hurricane mené par le lieutenant Xavier Henrard intercepte un Dornier 17 et les trois avions encadrent l'intrus pour le contraindre à se poser comme le voulait la procédure lors du survol d'un pays neutre par un belligérant.
Les mitrailleurs du Dornier font feu simultanément touchant les trois chasseurs.
Le lieutenant Henrard s'écrase au sol, le sergent Lieutenant fait un atterrissage sur le ventre près de Ciney, le troisième, piloté par le sous-lieutenant Lelièvre, revient à sa base.
Ce malheureux incident rendra les pilotes belges moins procéduriers ... Le 12 mars, une patrouille conduite par le capitaine Charlier établit le contact avec un Dornier 17 au-dessus des Ardennes.
Après quelques échanges de coups de feu, l'avion allemand plonge dans les nuages et le lieutenant Van Strydonck, dont l'appareil a été touché au moteur, fait un atterrissage forcé.




Les Hurricane belges étaient codés H 20 à H 42 avec les correspondances suivantes de codes RAF :
H 20 à 22 : L 1918 à 1920
H 23 à 27 : L 1993 à 1997
H 28 à 29 : L 2040 à 2041
H 30 à 32 : L 1942 à 1944
H 33 à 34 : L 2105 à 2106





H 35 à 39 : ces quatre matricules furent appliquées à des avions de la RAF internés (avion d'un pays belligérant retenu dans une nation neutre) en Belgique entre novembre 1939 et mai 1940.
Le H 39, qui avait une hélice Rotol triplale, a été détruit le 2 mars 1940 lors d'un atterrissage dû à une panne de moteur à Bierset.
Il semble également qu'un avion interné ait été codé H 45.

Onze Hurricane étaient disponibles à l'aube du 10 mai 1940, .
impeccablement alignés sur le tarmac, bien que l'alerte ait été donnée.
Aux premières lueurs du jour, la Luftwaffe exécuta des mitraillages et les incendia.



En moins de deux jours, les seuls avions modernes l'aéronautique belge étaient réduits en cendres.
D'autres équipages défendront l'honneur des cocardes avec des avio poussifs et au prix de lourdes pertes. La " drôle de guerre " l'était plus du tout...



Quelques anglais égarés en Belgique

Durant la « drôle de guerre », la Belgique demeurait une nation neutre bien que son espace aérien ait été violé sans vergogne.
L'aviation belge n'était tout simplement pas à même d'interdire ces incursions.
Parmi les avions ayant involortairement atterri sur le sol belge, quelques Hurricane font l'objet d'anecdotes savoureuses.
Dès le 10 novembre 1939, le Hurricane LK-P (L162 après un combat avec un Dornier atterrit réservoirs vides, Sl1' la route Mouscron-Courtrai, à Marcke.
Le pilote, F/ight Lieutenant Dunn, se posa comme une fleur, mais donna un coup de palonnier pour éviter un cycliste et termina sa course dans le fossé ...
Le 14 novembre, deux Hurricane du Squadron 87, à court de carburant atterrissent sur les plages belges.
Le premier (LK-H) piloté par)e Squadron Leader Coope se pose à la Panne et son ailier, sur le LK-O, à Coxyde.
Les pilotes furent internés et s'évadèrent peu après.
Un Hurricane Mk 1 Squadron.1 atterrit dans un champ d'Esplechin, à quelques centaines de mètres de la frontière française.
Les personnes accourues décident de pousser l'avion jusqu'en France.
Sur ces entrefaites, les gendarmes apparaissent et le pilote, Roc Thomas, se réfugie de l'autre côté de la frontière.
Il assiste impuissant à la capture de son avion que les gendarmes ont amené dans un fossé en le faisant pivoter.



MAI 1940

La base de Schaffen fut alertée vers 3 heures le 10 mai.
Selon les directives données par le Major Hendrickx, commandant le 1/2Aé, les appareils restèrent alignés alors qu'il aurait fallu les disperser.
L'ordre de décollage fut donné.
D'initiative, les officiers de l'état-major du 1/2Aé, persuadés qu'il s'agrnsa-it d'un nouvel exercice de routine, décidèrent malencontreusement de surseoir aux décollages en raison de la présence d'une brume matinale.
En attendant, les pilotes alertés firent tourner les moteurs afin de procéder à leur réchauffement.
Le tableau des missions pour cette journée du 10 mai prévoyait quatre pelotons de trois appareils, à savoir:



1er peloton : le Capitaine Van den Hove et les pilotes de Grunne et Jacobs
2e peloton : les pilotes Duchateau, Libert et Phili
3e peloton : les pilotes Drossaert, Van den Broeck et Herry
4e peloton : le Capitaine Charlier et les pilotes Lelarge et Siroux.



Les pilotes Jacobs, Philippot et Herry avaient remplacé les pilotes Van Strydonck, Lieutenant et Lelièvre qui n'avaient pas encore rejoint la base.
Le briefing prévoyait une couverture des Ardennes, par patrouilles triples, se succédant de 20 en 20 minutes.
Le peloton du Capitaine Van den Hove d'Ertsenrijck devait décoller en premier lieu et se rendre directement dans sa zone d'opération.
Le peloton Duchateau devait suivre et, après avoir fait le plein à Beauvechain, relever le premier peloton après vingt minutes.
Les autres pelotons devaient agir de la même façon.
Enfin, le signal du décollage fut donné.
La 5e Escadrille de Chasse partit toute entière.
Elle fut suivie par les deux premiers pelotons de « Gladiator» de la 1 ère Escadrille qui, sans assurer la couverture aérienne de l'aérodrome, s'envolèrent vers Beauvechain.
Lorsque, vers 4 heures 30, le troisième peloton de « Gladiator» se mit en position de décollage, trois bimoteurs allemands surgissaient d'au-dessus des bois situés au nord-est de la plaine.
Bien que gênés par les «Gladiator» qui décollaient, ils parvenaient à prendre d'enfilade les appareils alignés sur la plaine et les arrosaient de balles, suscitant la panique.
Le H-20 du Capitaine Charlier fut heurté par le «Gloster» du Lieutenant Wilmots.
Les deux avions brûlèrent ensemble.
Les avions embouteillés dans le passage, entre leur alignement et les hangars, ne pouvaient faire demi-tour.
Une nouvelle formation allemande passa alors à l'attaque, suivie une demi-heure plus tard, par une nouvelle vague. Après leur passage, c'était le désastre.
Quatre «Hurricane» furent incendiés, dont le H-24, qui avait explosé et dont le pilote Libert fut gravement brûlé par les projections d'essence enflammée.
Six autres avions furent endommagés et rendus inutilisables.
Quant aux appareils se trouvant dans les hangars, deux se trouvaient enfouis sous les décombres de leur abri, seul le H-27 semblait intact.
Cependant, dans la confusion, deux «Hurricane », ceux du Capitaine Van den Hove et de Jacobs, parvinrent à se dégager en utilisant l'espace resté libre entre leur alignement et celui des «Gloster Gladiator ».
Ils décollèrent sous les bombes et en arrivant près de Bruxelles, ils tombèrent sur une formation de bombardiers allemands ayant attaqué Evere.
Engageant un des appareils ennemis, celui-ci fut tellement criblé de balles qu'il quitta la formation, après une dernière salve tirée par le pilote Jacobs.
Les deux pilotes belges gagnèrent ensuite leur terrain de campagne de Beauvechain.
Le H-27 ayant été remis en état, le pilote Siroux le ramena au terrain de campagne pour constater que le longeron principal de l'aile était gravement endommagé par un éclat de bombe.
Plus aucune mission ne fut attribuée aux «Hurricane» restants.
Le 11 mai, dans l'après-midi, les avions allemands attaquèrent Beauvechain en vagues successives. Deux «Hurricane» furent détruits, le H-27 échappa à nouveau à la destruction.
Il fut abandonné sur la plaine, le 12 mai 1940, lorsque le personnel du I/2Aé rallia le terrain de Belcele avant de gagner la France.
Plusieurs pilotes de «Hurricane» gagnèrent la Grande-Bretagne par la suite.
Plusieurs d'entre eux, dont le Capitaine Van den Hove et Rodolphe de Grunne participèrent à la Bataille d'Angleterre.
Le premier y fut tué, le second y survécut, mais pour disparaître plus tard.