Que deviennent nos pilotes lors de la signature de l'Armistice entre les Allemands et les Français ?
Débrouillards comme toujours, certains Belges parviendront à s'embarquer in extremis sur les derniers bateaux en partance pour l'Angleterre.
Le 19 juin 1940, les officiers Offenberg et Jottard « empruntent» un « Caudron Simoun» de l'Armée de l'Air française pour rejoindre Oujda, une base marocaine vers laquelle s'est repliée l'Ecole de pilotage belge.
D'autres, revêtus d'habits civils, se mêlent aux passagers s'embarquant à bord de bateaux étrangers quittant la France. Des pilotes s'évadent directement de Belgique : parmi eux, nous trouvons des aviateurs belges qui se distingueront au sein de la Royal Air Force :
Gaston Dieu, de Selys-Longchamps, De Soomer, Vicky Ortmans, de Henricourt de Grunne et le Roy du Vivier.
Le comble :
Ces pilotes seront condamnés par contumace pour désertion par le Haut Commandement belge, alors qu'ils avaient échappé aux camps de prisonniers pour continuer à défendre leur pays.
Il faut attendre 1948 pour voir ces pilotes acquittés de leur grand méfait alors que certains seront tués pendant la guerre alors qu'ils servaient leur patrie !
A Oujda, après l'armistice, les autorités françaises interdisent aux Belges de poursuivre leurs vols.
C'est pourquoi le général Tapproge qui commande l'école, décide de rejoindre le Congo.
Les avions de la a Sabena font escale à Alger.
Les Français refusent tandis qu'ils font tout pour que les pilotes belges ne s' embarquent pas à bord de navires qui les conduiraient en Angleterre.
A nouveau, nos aviateurs, parviendront à atteindre par divers moyens les Iles Britanniques et le Congo.
Dès le 23 juin 1940, Plymouth accueille Le premier groupe de onze pilotes belges, aussitot dirigés au Centre d'Innsworth, proche de Glocester.
Le 1 er juillet 1940, 14 aviateurs accompagnents des Polonais dans leur fuite : partis de Casblanca, ils rejoignent Liverpool le 16 juillet.
Le 3 juillet, le capitaine Cajot emmène avec lui un groupe de 55 élèves et pilotes regroupés a Oujda et arrive tant bien que mal sur le sol de la Fière Albion, le 4 août 1940.
Le capitaine Burniaux et le sous-lieutenan Ceuppens rejoignent, via le Congo, l'Armée de l'Air Sud-Africaine.
Ainsi, entre le 24 juin et le 5 août 1940 aviateurs et candidats-pilotes sont regroupés en Angleterre.
Seuls, les plus expérimentés, après quelques heures d'entraînement, sont versés directement dans les escadrilles de front de la R.A.F., soit sur les « Hurricane » du Fighter Command, soit sur les « Blenheim » du Coastal Command.
Lorsque le 8 août 1940, le maréchal Goering commandant en chef de la Luftwaffe déclenche ,la première phase de la Bataille d'Angleterre, les Belges seront prêts à défendre le ciel anglais.
Avant de tenter tout débarquement sur les iles Britanniques, Hitler ordonne à la Luftwaffe de s'assurer la maîtrise des airs.
Face aux 2000 avions engagés par les Allemands, l'Angleterre ne peut opposer que 6 à 700 chasseurs.
Grâce aux radars disposés le long des côtes anglaises, les appareils de la R.A.F. seront avertis à temps de toute attaque, tant et si bien qu'ils seront toujours en vol pour « accueillir » la flotte aérienne allemande.
Au plus fort de la bataille, les pilotes de la R.A.F voleront sans répit des heures entières ayant tout juste le temps de se poser pour se ravitailler en munitions et en carburant avant de reprendre leurs folles poursuites.
Parmi ceux-ci, 29 Belges participeront activement à la première grance victoire des Alliés.
Car si l'Angleterre avait Été envahie, pour combien de temps encore aurions. nous été sous la botte des nazis ?
Image Histoire aviation Belge 1978Le dimanche 2 août, près de Portland., les sous-lieutenants Maurice Buchin et Jacques Philippart remportent une double victoire en abatant deux « Junkers Ju 88 ».
Ce sont les deux premières victoires officielles belges dans le ciel anglais.
Buchin est tué quelques jours après alors que Philippart, réussit, le 15 août, à descendre à lui seul 3 « Messerschmitt Me 110 », bimoteurs de la chasse allemande, tandis qu'il détruit probablement un quatrième appareil.
A son tour, il meurt le 25 août, victime de son héroïsme.
Vicky Ortmans de la 229me escadrille s'adjugera quatre victoires en septembre 1940.
Offenberg abat le 6 novembre son troisième adversaire, au-dessus de Plymouth remportant ainsi la dernière victoire des ailes belges lors de la Bataille d'Angleterre.
Le 1er novembre, le plus jeune de nos pilotes, Roger de Cannart d'Hamale, à peine âgé de 19 ans, est tué au-dessus du Comté de Kent il sera la dernière victime belge tombée durant la Bataille d'Angleterre.
Le bilan de cette participation belge?
Nous comptons 21 victoires, 7 probables et 3 avions endommagés.
Huit pilotes ont trouvé la mort, dont six en combat aérien et deux, victimes d'accident.
Pendant ce temps-là, les aviateurs moins chevronnés sont versés dans les Ecoles d'entraînement où ils ont l'occasion de parfaire leurs connaissances non seulement de la navigation aérienne mais aussi de la langue anglaise.
Ensuite les élèves se perfectionnent dans une école de pilotage avancée avant d'être dirigés vers des unités d'entraînement en opérations, stade ultime avant d'être envoyé dans une escadrille.
Tout Belge s'engageant à la Royal Air Force dépend entièrement du Commandement de l'aviation britannique.
La Belgique possède cependant un Attaché de l'Air, le lieutenant-colonel Wouters dont le rôle est purement administratif: il est le lien entre le gouvernement belge et l'Air Ministry, maintenant des relations entre tous les pilotes belges dispersés dans les escadrilles anglaises, établissant des dossiers, plaidant la cause des aviateurs, s'occupant des jeunes recrues, proposant l'attribution des distinctions honorifiques.
Quelque soit son grade dans l'aviation belge, tout volontaire incorporé à la R.A.F., pour autant qu'il est officier est, en arrivant, sous-lieutenant à l'essai (Pilot Officer on Probation). On ne prenait en considération que les années d'ancienneté dans la R.A.F.
Cependant, les aviateurs belges deviennent de plus en plus nombreux dans les rangs de l'armée de l'air anglaise, tant et si bien qu'on envisage de les regrouper au sein d'une même unité.
Doté des fameux « Spitfire », le Flight 609 accueille en février 1941, les premiers éléments belges regroupés.
Parmi eux, Willy van Lierde, François de Spirlet, Vicky Ortmans se distgueront par leur habileté au combat.
Un grand blessé de la première heure, le Comte Rodolphe de Henricourt de Grunne rejoindra à son tour son escadrille à peine remis de ses blessures ..
A nouveau, il sera victime de la fatalité François de Spirlet nous raconte l'accident :
« Ce jour-là, le 21 mai, la 609me avait reçu pour mission de couvrir la retraite de 14 avions dé bombardement revenant de Gravelines. Nos escadrilles devaient être en position à 16 km a l'Est de North Foreland en vue des côtes.
La formation se composait de 3 «Flight », de 4 « Spitfire ».
Le décollage eut lieu à 17.10 h Quarante minutes plus tard, les bombardiers a protéger sont aperçus à 2.500 mètres, escortés par d'autres chasseurs.
Ils sont en-dessous de nos « Spitfire » qui volent à leur rencontre à 4500 mètres d'altitude.
Vers 18 h, plusieurs petites formations de « Me 109 » se présentent a l'attaque à la même altitude.
Un violent combat s'en suivit, au cours duquel plusieurs des nôtres assistèrent impuissants à la chute de l'appareil brisé de notre ami la mer lui servira de cercueil.
A peine arrivé à la 609me, Offenberg reçoit la Distinguished Flying Cross, une décoration britannique récompensant les pilotes de valeur.
Il est le premier Belge à l'obtenir.
Déplacé à Gravesend, la 609me opère principalement dans le Nord de la France pour obliger le Reich à y mobiliser des forces aériennes importantes.
Après un passage par Biggin Hill, la 609me se rend à Digby où son rôle se réduit à la protection de convois.
D'autres opérations se dessinaient encore à l'horizon.
L'odyssée de Michel Donnet et de Léon Divoy. Le 5 juillet 1941, après avoir traversé la Mer du Nord et survolé l'estuaire de la Tamise, un biplan atteint sur un terrain proche de la ville de Clacton. A son bord, deux sous-officiers arborant fièrement leur uniforme de l'Aéronautique militaire belge.
Leurs noms ? Michel Donnet et Léon Divoy.
A peine au sol, les deux fuyards som conduits aux autorités pour être rapidement identifiés.
Mais comment ont-ils pu rejoindre aussi aisément l'Angleterre?
Tout simplement en remettant en état le « Stampe- Vertongen 4 » d'un ancien pilote de chasse du 2me Régiment d'Aéronautique, Thierry d'Huart.
Cet avion avait été saisi par les autorités allemandes et rangé dans une propriété située à Mont-Saint-Jean, tout à côté de Waterloo.
A proximité du domaine, les Allemands avaient installé un poste de garde.
Au nez et à la barbe des occupants, aidé par des patriotes, Divoy et Donnet remettent en état l'appareil.
Le départ est fixé au 30 juin.
Malheureusement, l'avion ne prétend pas décoller et un nouvel essai est prévu pour le 4 juillet.
Le moteur n'est plus grippé mais on n'ose trop le faire chauffer de peur de réveiller les sentinelles allemandes, fort proches de l'endroit.
Divoy est aux commandes, le « SV4 », muni d'appareils de bord dérisoires parvient à s'envoler dans la direction de Gand où la D.C.A. allemande avertie entretemps, les accueille par le feu de ses canons.
Heureusement le tir est imprécis et l'avion arrive sans encombre en vue de la Mer du Nord.
Malgré quelques ratés de moteur, le vol continue dans de bonnes conditions jusqu'à Clacton où l'avion atterrit sans problème, non sans avoir épuisé toutes ses réserves d'essence.
Ainsi, ces deux pilotes pourront rejoindre leurs compatriotes déjà en service dans les escadrilles de la R.A.F.