Site du 350ieme Squadron

Les Mosquitos (Histoire)


 

Design & Développement
Tout au long des années 30, De Havilland s’est taillé une solide réputation dans la conception d’avions civils à grande vitesse, notamment avec le DH.88 Comet (avion postal) ou le DH.91 Albatross (avion de ligne) qui utilisaient déjà avec succès une structure bois.

Le Mosquito avait cette particularité d'être construit en lamelles de balsa et de bouleau, à l'aide d'une technique très avancée pour l'époque, d'où un poids plus faible lui permettant de voler plus vite, ce qui fut précieux pour ses missions de reconnaissance et de bombardement. Sa conception en bois permettait également de minimiser autant que possible l'utilisation de "matériaux stratégiques" tels que l'aluminium et l'acier, et de le rendre plus difficilement détectable par les radars allemands.

L’Air Ministry ne fut pas intéressé au début par un tel concept, mais changea rapidement d'avis à la vue des performances de vitesse et de maniabilité du prototype établi par l’ingénieur en chef de la firme De Havilland, Ronal Eric Bishop.




Construction
Le génie de la construction du Mosquito se trouve dans l’utilisation novatrice et peu orthoxe de matériaux et techniques ordinaires. La cellule est constituée de contreplaqué spécial, plus résistant et plus léger que la norme. Ce contreplaqué spécial est produit grâce à une alternance de couches de Balsa équatorien et de Bouleau canadien, encollées à l’aide d’une colle à bois à base de caséine (plus tard du formaldéhyde).

Le fuselage est formé à l’aide de moule : les côtés gauche et droit du fuselage ainsi que les autres éléments structurels sont construits à part. Ces éléments sont renforcés par des centaines de petites vis à bois en laiton. Cet arrangement a beaucoup simplifié l’installation par les ouvriers des systèmes internes hydraulique et autres câblages, du fait que les deux parties du fuselage soient ouvertes. Ces deux moitiés sont ensuite collées et scellées ensemble, pour être finalement recouvertes par du tissu de coton Madapolam.

Les ailes sont aussi faites en bois. Pour augmenter leur résistance, elles sont construites en une fois, et sont assemblées au fuselage dès que ses deux moitiés sont collées.

Le métal est utilisé avec modération dans la construction des éléments structurels : il sera surtout employé pour le train d’atterrissage, les volets et évidemment les vis en laiton.

La colle utilisée au départ était une colle à bois à base de caséine. Elle sera remplacée par une colle à bois à base de formaldéhyde, plus prompte à supporter de fortes amplitudes de chaleur et d’humidité, notamment lors de l’engagement du Mosquito sous des climats tropicaux. De Havilland a aussi développé une technique d’accélération du séchage de la colle grâce à des fours micro-ondes.

En Angleterre, les parties du fuselage sont construites par les entreprises E. Gomme, Parker Knoll et Styles & Mealing. Les ailes sont produites par J.B. Heath et Dancer & Hearne. Beaucoup d’autres parties, tels que les volets de contrôle, les bords d’attaque des ailes et les portes de la soute à bombes sont fabriquées à High Wycombe dans le Buckinghamshire, grâce à son industrie de meuble bien établie. Ainsi 5000 Mosquitos sur les 7781 unités produites, sont constitués de pièces manufacturées à High Wycombe.

La technique particulière de placage du bois utilisée a été développée par la manufacture américaine Roddis, basée à Marshfield, dans le Wisconsin : Hamilton Roddis constitua des équipes de jeunes femmes habiles qui repassaient un placage de bois exceptionnellement fin avant de l’expédier au Royaume Uni.



Service Opérationnel
Le DH.98 est souvent décrit comme étant plus rapide que les chasseurs ennemis. Lors de son introduction, le moustique était plus rapide que les principaux chasseurs allemands du front, à savoir les Messerschmitt Bf 109F et Focke-Wulf Fw 190A. Les versions suivantes de ces appareils réduisirent l’avance du Mosquito. Pourtant, même avec leur faible marge de vitesse, les mosquitos avaient le temps de mener à bien leur mission de bombardement et de rentrer à la base, avant que les avions allemands n’arrivent à l’altitude d’interception.

Cependant avec l’introduction du protoxyde d'azote pour booster la vitesse d’ascension du Bf 109s et l’arrivée, bien que tardive, des chasseurs à réaction Messerschmitt Me 262, la Luftwaffe avait enfin des intercepteurs ayant un avantage de vitesse clair. La version PR.Mk 32 (version reconnaissance photo) est alors produite en réponse avec des ailes plus grandes, des compresseurs spéciaux pour hautes altitudes et par l’élimination d’autant de poids que possible, permettant ainsi de porter son plafond max à 12800 mètres d’altitude. Même avec ces changements, le DH. 98 ne demeura pas totalement à l’abri –en décembre 1944, un Mosquito fut intercepté à cette altitude-.




Royal Air Force : Version Bombardier
Les premiers escadrons de bombardiers à recevoir le Mosquito B.IV l’ont utilisé pour des raids de jour à basse altitude. Une de ces missions fut celle du 30 janvier 1943 contre un meeting nazi à Berlin, durant le discours d’Hermann Göring qui affirmait qu’un tel raid était impossible. Et comme pour prouver aux nazis que ce raid n’était pas un coup de chance, la RAF envoya les DH.98 du No.139 Squadron procéder à la même mission l’après-midi même, pour interrompre le discours du ministre de la propagande nazie, Joseph Goebbels.

La version bombardier du Mosquito a été utilisée par le Bomber Command au sein du No.8 Group (Pathfinder Force) et au sein des No.105 et No.139 Squadron constituant la Light Night Strike Force (LNSF).

La LNSF procédait à des intrusions nocturnes à grande vitesse à l’aide d’instruments sophistiqués de navigation (système GEE & système Oboe) et d’aide à la visée en aveugle (système H2S). Sa mission était double : d’abord détruire des objectifs de taille modeste mais essentiels et en second lieu, faire diversion pour couvrir les bombardiers lourds, en simulant de grandes formations par l’utilisation de contre-mesure radar (paillettes métalliques). Les nuits où aucun bombardement lourd n’était planifié, la LNSF frappait les défenses anti-aériennes allemandes pour ne laisser aucun repos à l’ennemi.

Les Mosquitos du No.8 Group ont pris part à beaucoup d'opérations de bombardement, notamment en tant qu'éclaireur en marquant les cibles avec des charges pyrotechniques (Flares) pour les formations de bombardiers lourds. Les Mosquitos du Royal Air Force Bomber Command ont ainsi comptabilisés 28000 sorties et 35000 tonnes de bombes largués en perdant seulement 193 avions en opération. Cet appareil connu le taux d'attrition le plus faible des avions impliqués dans le conflit (0,7% de pertes comparés au 2,2% des quadrimoteurs lourds). Il a été calculé qu'un DH.98 transportant la bombe de 4000 livres "Cookie", pouvait aller jusqu'en Allemagne, la larguer, revenir pleins gaz jusqu'à sa base pour se ravitailler, repartir en Allemagne, larguer une deuxième bombe de 4000 livres, pour finalement revenir et atterrir avant qu'un Short S.29 Stirling (le plus lent des bombardiers de la RAF) ne largue sa cargaison de bombes, alors qu'ils étaient partis en même temps...


Un Mosquito IX détient aussi le record de mission pour un bombardier allié de la Seconde Guerre Mondiale : le Mosquito LR503 nom de code "F pour Freddie". Titulaire de 213 sorties au sein des No.105 et No.109 Squadron pendant la guerre, sa chance s'arrête le 10 mai 1945, deux jours après la victoire, à l'aéroport de Calgary durant un tour d'honneur, suite à une erreur de pilotage.




Royal Air Force : Version Chasseur Nocturne
L'utilisation du DH.98 pour des missions de chasse de nuit, s'est présentée quand le Air Ministry abandonna le projet Gloster F.9/37 pour concentrer la production sur d'autres appareils.

Le premier appareil DH.98 configuré pour la chasse nocturne à être introduit fut un NF.Mk II, armé de 4 canons Hispano de 20mm dans le fuselage et 4 mitrailleuses de calibre 0.303 (7.7mm) Browning montées dans le nez. Utilisant un radar d'interception (AI) Mk IV/Mk IV, sa mission était d'opérer comme chasseur de nuit défensif au dessus de l'Angleterre. Cependant, il fut utilisé aussi pour des missions d'intrusions nocturnes, se promenant au dessus de l'Europe pour provoquer le maximum de perturbations sur les lignes de communications et les opérations aériennes ennemies.

En mai 1942, le NF.Mk II enregistre ses premières victoires et jusqu'à la fin de la guerre, les Mosquitos de chasse nocturne ont proclamé 600 avions abattus et 600 Bombes Volantes v1 détruites. Cette variante servira à Malte, en Italie, en Sicile et en Afrique du Nord à partir de la fin 1942.

A partir de 1944, le "Moustique" arbore un nouveau rôle, celui d'avion d'escorte pour les bombardiers du No.100 Group du Bomber Command. Sa tâche sera de contrecarrer les attaques des NachtJagd (chasseurs de nuit de la Luftwaffe) dans les "couloirs de bombardement" alliés au dessus de l'Allemagne. Environ 268 chasseurs nocturnes de la Luftwaffe ont été détruits par le Group, pour la perte de 70 Mosquitos. L'omniprésence de la menace du DH.98 NF a provoqué chez les équipages allemands une "Mosquitoschreck" ou phobie du moustique. Comme les pilotes de la Luftwaffe n'étaient jamais sûrs de quand et où allait arriver l'attaque des Moustiques, cette phobie causa bon nombre d'accidents de chasseurs nazis se dépêchant d'atterrir pour éviter une attaque réelle ou imaginaire... Les DH.98 ne rencontrèrent leur "juste punition" qu'en février 1945, à l'apparition des premiers chasseurs à réaction Messerschmitt Me 262 du 10./NJG 11. Le commandant de cette unité, l'Oberleutnant Kurt Welter abattit 25 Mosquitos de nuit, plus 2 de jour, ce tableau de chasse s'ajoutant aux 7 précédemment obtenues à bord de son Bf 109G-6/AS. Mais cela arriva trop tard pour changer le cours de l'Histoire.




Royal Air Force : Version Chasseur-Bombardier
L'expérience opérationnelle sur des rôles variés a montré la nécessité de développer une version de chasseur-bombardier polyvalent : le DH.98 FB.VI, qui vit le jour début 1943. La variante VI a des ailes renforcées pour supporter, en plus des 2 bombes de 250 livres en soute, 2 bombes de 250 livres ou 8 roquettes sous les ailes. Les versions suivantes avec une motorisation plus puissante purent emporter des bombes de 500 livres.

Le FB.VI est devenu la version la plus produite avec 2292 unités, équipant le No.2 Group du Bomber Command, le Squadron d'intrusion du Fighter Command et du 2nd TAF, et pour finir la force d'attaque du Costal Command avec une version de lutte anti-marine équipée de 8 roquettes RP-3 de 60 livres. Une des missions les plus risquées du chasseur-bombardier DH.98 FB.VI, fut celle mené par le No.2 Group du 2nd TAF, sous le nom de code d'Opération Jéricho. L'objectif était de détruire les murs et les quartiers des gardes de la prison d'Amiens pour permettre à des résistants français de s'évader.

Le 11 avril 1944, suite à une demande de la résistance hollandaise, 6 Mosquitos FB VI du No.613 Squadron de Manchester, mènent une attaque chirurgicale à hauteur de toit sur le centre d'archivage de la Gestapo de La Haye. Leur "cocktail" de bombes à fragmentation et incendiaires est entré par les fenêtres et les portes en détruisant tous les dossiers compromettants. Les seules personnes tuées furent celles présentes dans le bâtiment.

Le 21 mars 1945, un raid semblable à très basse altitude -l'Opération Carthage- fut mené contre le quartier général de la Gestapo à Copenhague (Danemark). Un mosquito largua par erreur sa cargaison de bombes sur une école catholique française, et causa la mort de 86 enfants, 10 religieuses, 8 enseignants et 21 civils. Le QG nazi fut détruit avec ses archives, mais 8 prisonniers furent tués, pendant que 18 autres parvenaient à s'enfuir. L'attaque principale sur l'immeuble de la Gestapo provoqua la mort de 55 soldats allemands et 47 collaborateurs danois. 4 mosquitos furent perdus et 9 membres d'équipage furent tués sur le voyage de retour à cause de la Flak. Cette attaque fut demandée à de maintes reprises par la résistance danoise, mais fut jugée trop dangereuse par la RAF. Bien que le bilan côté civil soit lourd, la destruction des archives et de l'organisation sauva la vie de beaucoup de résistants danois.

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La Prison d'Amiens



L'attaque fut menée par 18 Mosquito FB Mk VI du Wing 140 de la RAF, couvert par 4 Hawker Typhoons du Squadron 198 conduits par le pilote belge R.Lallemant, sobriquet « Cheval ». La précision de l'attaque fut remarquable : sur les 40 bombes lancées, 23 tombèrent dans l'enceinte de la prison, tandis que 13 autres ne ratèrent l'objectif que de peu. Quatre autres bombes commirent des dégâts à une distance de 250 à 700 mètres de la prison. Un autre Mosquito Mk IV de la FPU (Film Production Unit) filma la prison après le raid.

La Luftwaffe réagit avec les Focke-Wulf FW 190 A7 du 7./JG 26 qui abattirent à Saint-Gratien (à 12 km au nord d'Amiens) le Mosquito du commandant de l'attaque (Wing Commander Pickard - Fl Lt Broadley tués) et un Typhoon de l'escorte. Un second Typhoon fut porté disparu, sans qu'il soit possible de préciser si c'est par l'action de l'ennemi ou à cause des conditions climatiques extrèmes régnant ce jour sur la Manche.

Certains pensent que cette opération s'inscrit dans le cadre de l'opération Fortitude, destinée à induire en erreur les services de renseignements allemands sur le débarquement allié. Cette attaque sur la prison d'Amiens aurait servi à faire croire au contre-espionnage allemand que parmi les personnes emprisonnées à Amiens se trouvaient des résistants dont les Allemands n'avaient pas soupçonné l'importance, et que ces personnes étaient dans la connaissance d'un débarquement à venir dans le Pas de Calais.