Georges Jaspis était un ancien pilote des belges libres de la RAF au sein du Squadron 609 , le West Riding of Yorkshire.
Cette escadrille est une des plus célèbres de la seconde guerre mondiale, car elle a été une des premières à employer le Hawker Typhoon, mais elle a également eu en son sein une palette d’as ou de virtuoses du manche à balais.
Excepté Jaspis, on peut nommer Roland Beamont, « Pinky » Stark, Raymond « Cheval » Lallemand, Charles Demoulin (l’auteur de « mes oiseaux de feu ») et d’autres pointures, telles que « Paulo » Cooreman, Baudouin de Hemptinne, de Spirlet, ou encore Jean de Selys-Longchamps qui attaqua en rase-mottes le QG de la Gestapo de l’avenue Louise à Bruxelles, sur sa propre initiative, ce qui lui valu une décoration prestigieuse (la DFC) mais également une rétrogradation…
Georges Jaspis était un de ces talentueux aviateurs qui a participé directement à l’écrasement de la bête immonde.
Titulaire de nombreuses decorations nationales et internationales (DFC, Legion d'Honneur .. .) , il est mort dans sa 92eme année, en décembre 2007.
Georges Jaspis est né le 11 novembre 1916, à Opprebais.
Il a débuté dans l’aviation par l’école d’aviation civile à Bruxelles puis l’école de pilotage à Wevelgem.
Lorsque la guerre a éclaté, cela faisait un an qu’il volait , après avoir obtenu son brevet de pilote militaire.
Il était alors détaché à Tirlemont dans la 5e escadrille, 3ème groupe, 1er régiment aéronautique.
Sa passion pour l’aviation a démarré à l’âge de 7-8 ans .
« J ’étais passionné par les avions, j’adorais le mouvement, et puis j’étais un peu cow-boy sur les bords », déclara-t-il au cours d’une interview .
A 10 ans, il s’était déjà décidé à rentrer dans la force aérienne belge .
Dans son village il y avait un mécano, un chef de hangar, qui lui racontait des anecdotes et qui l’ encouragea dans cette voie.
Le 10 mai 1940, premier jour de la guerre, tous les avions de l’escadrille de Jaspis décollèrent .
« Je devais aller sur la plaine de Horion-Hozémont. Après quelques minutes de vol, je me suis retrouvé face à face avec un avion allemand.
Au moment où j’ai tenté d’actionner les mitrailleuses, j’ai constaté qu’elles ne fonctionnaient pas. Je suis donc passé sous l’avion allemand, qui n’a pas tiré.
En fait ils venaient bombarder l’aérodrome » .
A l’atterrissage, Jaspis est horrifié.
Il raconte au commandant de groupe l’histoire qui venait de lui arriver .
Les avions avaient été dépourvus d ’une pièce du système pneumatique de mise à feu des mitrailleuses une semaine auparavant, afin d’éviter des attaques intempestives des belges…« Un peu plus tard, un avion de reconnaissance allemand est passé au dessus de nous.
J’ai demandé pour aller l’abattre, mais le commandant a sorti son pistolet 7,65 en disant « non, on ne décolle pas, je n’ai pas reçu d’ordre ».
Une demi-heure plus tard, 9 Messerschmitt détruisaient nos 13 avions camouflés sous les pommiers.
Mais ça, on ne le raconte jamais » .
Plus tard , il rejoint la RAF (Royal Air Force) au sein de l’escadron 609 West Riding of Yorkshire .
« J’ai le nom de tous les pilotes que j’ai abattus. C’est horrible de penser à leur âge.
Ces pauvres types volaient comme nous.
Ce n’était pas l’homme qu’on tentait d’abattre, c’était l’avion, la machinerie ennemie.
Il n’y avait pas vraiment de haine, en tout cas au début, pour l’ennemi en tant que personne humaine.
Si ceux que j’ai abattus étaient ici, on boirait des pintes ensemble » .
Un soir, alors que l’escadrille stationnait dans le Pas de Calais, un pilote militaire allemand qui s’était égaré se pose sur le terrain de l’escadrille .
Il devait se poser à Cherbourg et a confondu.
Une fois posé, les gardes sont allés voir jusqu’au pied de l’avion et le pilote s’est rendu.
Après cinq minutes au bar , le pilote est presque déshabillé, dépouillé de ses insignes. « On a bu des pintes et des pintes ensemble et puis on lui a fait un bon lit.
Chacun voulait garder un souvenir de lui.
Je crois qu’on peut parler d’une espèce de chevalerie du ciel.
Le lendemain, la police militaire est venue, il a été fait prisonnier de guerre » .
Après avoir volé sur des Spitfires, Georges Jaspis est intégré dans une escadrille de Typhoons, l’appareil d’attaque au sol par excellence de l’époque, équipés de roquettes et de quatre canons de 20 mm.
« Pendant la première phase du débarquement, sur les plages, on ne nous a pas appelés.
Avec le recul, je pense qu’il y a eu un manque de compréhension. Nous aurions du être beaucoup mieux utilisés, ce qui aurait économisé beaucoup de vies .
Quand ça allait vraiment mal pour les alliés on nous envoyait par 4 ou 8 avions pour tirer sur les fortifications, les blindés ou les sites de canons.
Les bunkers sautaient, tout explosait sur notre passage. En fait on détruisait tout ce qui résistait aux alliés.
On nous appelait, et vingt minutes plus tard nous faisions un passage, et tout était rasé.
Nous avons aussi attaqué les ponts sur la Seine afin d’éviter que les allemands ne se reconstituent en quittant la Normandie.
On partait de 3000 m, en piquant presque à la verticale à plus de 800 km/h et on lâchait les roquettes ».
A la fin de la guerre, Georges Jaspis survol
é la Ruhr , complètement détruite.
« C’était épouvantable. J’ai volé aussi jusqu’en Inde où j’amenais des troupes, puisque l’Angleterre était toujours en conflit avec le Japon » .
Pendant 5 années de guerre, Georges Jaspis fut marqué par l’ambiance de la Royal Air Force .
L’esprit de corps y était particulièrement présent , une société dans laquelle tout le monde avait de l’estime pour l’autre.
Le patriotisme britannique le surprend, comme de reste la certitude dans la victoire .
« Côtoyer cette force aérienne militaire ou en faire partie en tant que pilote, c’était très fort comme sentiment .
J’ai rencontré des personnes fantastiques par leurs compétences, des personnes passionnées.
Pour bien comprendre cet engagement, il faut vraiment être dans l’action.
Parfois aussi, on a eu très peur, mais on ne le montrait pas trop et on reprenait du service illico, en se regonflant à bloc.
A une période, j’ai été touché 3 jours de suite par la défense anti-aérienne.
Le 3ème jour j’étais vert ! Le jour suivant, pas un seul coup de canon vers nous. C’était reparti ».
Après-guerre, Georges Jaspis quitte la force aérienne et passe la totalité de s a carrière à la Sabena, ou il devient le pilote titulaire du plus grand nombre d’heures de vol.
La reconnaissance et les honneurs ne l'ont jamais intéressés. « Je n’ai toutefois pas tiré un trait définitif sur ce qui s’est passé et mon expérience des avions.
J’ai conservé une certaine mémoire qui a moins trait à la guerre en tant que telle qu’à mon expérience aérienne »
.Phil642
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Georges "Poupa" Jaspis avait totalisé 27 000 heures de vol, militaires et civiles...
Il était né le 11 novembre 1916, deux ans avant la fin de la Première Guerre mondiale mais c'est dans le second conflit planétaire qu'il s'illustra : Georges Jaspis qui est décédé vendredi, avait, en effet, rejoint la Grande-Bretagne où il s'illustra avec les as de la RAF. Pilote militaire belge en mai 1940, il décida de poursuivre le combat et fut pris en charge au sein de la ligne d'évasion Comète par Andrée (Dédée) De Jongh en personne ! Admis dans les rangs de la Royal Air Force, il gravit les échelons pour être admis le 26 juin 1943 au sein de la mythique 609e escadrille qui n'était pas classée par hasard "Top Score Squadron".
Le Brabançon wallon allait s'en montrer digne à bord de son Typhoon. Un fameux avion comparé à ceux qu'il avait pilotés en Belgique. Convaincu qu'avec de telles "caisses", son pays n'aurait pas dû capituler aussi vite, le sergent Jaspis fit preuve, de mission en mission, d'une énergie peu commune, provoquant parfois l'ennemi, ici à un jet de pierre de Paris, là, au-dessus du territoire national. On lui dut aussi la centième victoire d'un aviateur belge. L'époque était enthousiasmante pour Georges Jaspis, surnommé... "Poupa", surtout après le débarquement allié, avec la libération progressive de l'Europe continentale. Georges Jaspis effectua en tout 345 sorties, ce qui lui valut de recevoir la très réputée Distinghuised Flying Cross et plus tard la Légion d'Honneur. Passé de la 609e escadrille au Transport command de la RAF, Jaspis y jeta les bases de sa carrière de pilote de ligne.
En février 1946, il inaugurait la liaison Bruxelles-Genève de la Sabena où il poursuivit sa carrière jusqu'en 1978. Ne disposant pas encore de tenue de la compagnie, Jaspis avait enfilé son uniforme de la RAF ! Il fut cependant prié de ne pas quitter l'avion mais il n'en trinqua pas moins avec le Premier ministre suisse...
Pendant 32 ans, il assura notamment les longs courriers outre-Atlantique - à 2 400 reprises ! - et répondit présent lors des événements du Congo. Le 17 juillet 1960, il ramena 303 femmes et enfants de Léopoldville. Un vol exceptionnel : il effectua les 7 000 km d'un seul coup d'aile. Au terme de sa carrière, on a estimé qu'il avait totalisé 27 000 heures de vol. Fameux record dont Jaspis ne tira nulle gloriole, heureux d'avoir rendu service tout en vivant sa passion.
Source : "Une carrière d'aviateur exceptionnelle", Freddy Capron, Editions "The Golden Falcon", 2006.