Non rien n'a changé .. Deux semaines aprés avoir été abattu en mer,j'avais reçu de ma banque un avis m'informant que mon compte était fermé.
Je me rendis en hâte au siège local.,surpris de me voir, le sous-directeur m'apprit que j'etait disparu, présumé tué.
Tout en m'esclaffant devant ce brave homme de plus en plus gêné, je parvins à comprendre le mécanisme administratif qui me rendait impécunieux.
N'étant pas rentré à ma base (et pour cause), et porté "missing in operations".
Un signal, sous forme , doit alors être envoyé, deux heures après le constat , au ministère de l'Air qui avertit les ayants droit.
Dans mon cas, c'était l'attaché militaire belge à Eaton Square.
Or, il existait un accord - parfaitement inconnu des pilotes en opérations - par lequel l'Air Ministry bloquait le compte en banque du disparu pour subvenir aux frais d'enterrement au cimetière de Brockwood, où une concession nous était réservée.
Je nétais pas au bout de mes surprises.
M'étant présenté au bureau administratif belge du 107 Eaton Square pour régler ce léger malentendu, je m'entendis dire très sérieusement que je devais d'abord obtenir un certificat de « vie» du ministére de l'Intérieur, document nécessaire pour que je revienne dans le circuit des vivants.
Seul le certificat permettait d'autre part, le transfert en sens inverse de mes 23 livres sterling, prix de mon enterrement anticipé.
Ce n'est que dix ou douze jours plus tard que mon compte en banque fut à la fois crédité et débloqué.
Quand on y repense, il fallait bien que nos courageux plumitifs de l'arrière se muent en tigres de papier pour faire leur guerre à eux ...
Charles Demoulin Pilotes 609 Typhoons.